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un homme condamné pour homicide à Thouars

« Je n’avais pas l’impression d’être très alcoolisé » : un homme condamné pour homicide involontaire à Thouars

Jeudi 17 octobre 2024, le tribunal de Niort a condamné un homme pour homicide involontaire. En état d’ébriété, il avait tué le conducteur d’un véhicule arrivant en sens inverse à Thouars en 2021.

« Je m’excuse auprès de la famille. » Était-ce ces mots qu’attendaient les proches de la victime ? Dans la salle d’audience du tribunal judiciaire de Niort, l’émotion se lit sur leurs visages. À la barre, le jeune prévenu marmonne des excuses pour la première fois. La famille, venue nombreuse, va enfin pouvoir obtenir justice pour son « patriarche »tué le 15 juin 2021.

Ce jour-là, l’homme de 25 ans embauche à 5 h du matin. En sortant du travail, en début d’après-midi, il saute de bar en bar, enchaîne les verres de bière. Un, deux, trois, jusqu’à six. Aux alentours de 19 h, il rejoint des amis et commande une pizza. Il reprend une bière. Puis un pastis. Puis le volant. Un peu avant 23 h, sur la D158, à Thouars, il percute une voiture arrivant en sens inverse. Son conducteur, un homme de 84 ans, décède quelques heures plus tard.

« J’ai cogné dans un manouche »

Ce jeudi 17 octobre 2024, le jeune homme comparait pour homicide involontaire, sous l’empire de l’alcool. Trois heures après le choc, les analyses montraient une alcoolémie de 0,73 mg par litre d’air expiré. Le seuil limite est à 0,4. « Vous vous sentiez apte à conduire ? », interroge le président du tribunal Igor Souchu. « Oui, je n’avais pas l’impression d’être très alcoolisé. »

L’expertise ne laisse aucun doute sur sa responsabilité dans l’accident. Dans la sortie de virage où a eu lieu le choc, il arrivait à 116 km/h. La victime, à 62 km/h. Le rapport montre que, malgré l’état d’alcoolémie de la victime – lui aussi au-dessus de la réglementation -, elle n’avait pas commis d’imprudence, la dédouanant de toute responsabilité.

Reconnaît-il les faits ? À la barre, le prévenu reste silencieux. En auditions, il était resté flou sur la responsabilité qu’il s’attribuait, semblant évoquer un écart de trajectoire de la victime. Poussé par son avocate, il finit par reconnaître les conclusions de l’expertise. « La famille ici présente appréciera », note Igor Souchu.

« Manque de considération »

Mais sa posture, tant au moment des faits que depuis, peine à passer pour la famille de la victime. « Depuis le début de la procédure, on ressent un manque de considération criant de la part du prévenu », s’insurge Me Clarisse Briffe, qui la représente.

Elle prend pour exemple la réaction – « intolérable » – au moment de l’accident, où, semblant s’inquiéter davantage de l’état de sa voiture, le jeune homme appelle ses parents au lieu d’appeler les secours. « À côté, il y a [la victime] qui agonisait dans la voiture ! » Elle rappelle ses propos du moment, relatés par sa mère aux gendarmes : « J’ai cogné dans un manouche. » « C’est quoi cette réflexion ? », s’emporte l’avocate.

« Je peux comprendre que sur le moment on est tétanisé », continue Me Olivier Martinez, l’autre avocat de la famille. « Mais au bout d’un an ? » Il regrette, en trois ans et demi d’instruction, l’absence d’excuses. « Où vous voulez me faire croire qu’il avait des regrets et des remords ? »

« Les mots ne seront jamais suffisants », compatit Me Camille Gaufichon, l’avocate de la défense, qui décrit chez son client « trois ans et de demi de remords et de regrets ». Depuis l’accident, l’homme ne conduit plus, se déplace à vélo et a arrêté de boire. Les rapports psychologiques ne font pas état de dépendance à l’alcool.

Le jeune homme écope de six mois de prison en détention à domicile, et 18 mois de sursis simple. Quelques minutes plus tôt, son avocate plaidait pour « une décision de justice, pas une décision de vengeance ».

Source NR : https://www.lanouvellerepublique.fr/thouars/je-n-avais-pas-l-impression-d-etre-tres-alcoolise-un-homme-condamne-pour-homicide-involontaire-a-thouars